TONINHO DO CARMO
LE PRINTEMPS DE TONINHO DO CARMO
De « Primavera », son premier CD, le guitariste brésilien – la précision importe – Toninho do Carmo explique que c’est un hommage à sa guitare.
Mais comment, après avoir été pendant quatre décennies, au Brésil et en France, le guitariste d’un nombre impressionnant de musiciens et chanteurs prestigieux (parmi lesquels Georges Moustaki et Papa Wemba), décide-t-on d’enregistrer pour la première fois un album solo, qui plus est pour rendre hommage à sa guitare ?
Début de réponse dans l’impossibilité de trouver en France des guitares brésiliennes dont la facture bien particulière, a son origine dans les modèles espagnols. Pas n’importe lesquelles d’ailleurs. L’étalon guitare les luthiers brésiliens est la Torres. Seulement en France, où Toninho est établi depuis 1985, ni Torres, ni étalon guitare, ni modèle brésilien à se mettre entre les bras. Après avoir hanté en vain la rue de Rome, haut lieu de la lutherie parisienne, à la recherche d’une guitare brésilienne, Toninho tombe un jour sur un petit écriteau à la devanture d’un atelier : « Cours de Lutherie ».
Si la guitare ne vient pas à toi, va à la guitare…
Toninho s’inscrit au cours mené par l’implacable maître luthier espagnol Liberto Planas. D’octobre 2004 à novembre 2005, chaque lundi de 10 heures à 13 heures, Toninho a découpé, mesuré, poncé, scié, limé, collé, fixé des bois venus des quatre coins de la planète : jacaranda d’Inde pour le chevalet, cèdre de l’Honduras pour le manche et du Canada pour la table, pin d’Allemagne pour l’éventail, evengold du Gabon pour les éclisses et le fond, ipé du Paraguay pour le milieu du fond. Et au bout de ce tour du monde, une guitare, SA guitare, modèle brésilien pur jus.
Avec la guitare, les mélodies…
Tout au long de ma carrière j’ai accompagné des vedettes dont j’assimilais le répertoire. Des musiques diverses, des styles les plus variés, des climats musicaux différents que je devais m’approprier et cela m’occupait complètement l’esprit. Il n’y avait aucun espace pour une création propre, explique Toninho. Or, penché sur son bois, sculptant une à une les pièces de sa guitare, concentré sur son travail minutieux, Toninho sent monter en lui des mélodies. Elles s’imposent à lui. Au début il n’y croit pas : Si elle est encore là demain matin, pense-t-il, cela voudra dire que c’est une vraie mélodie. Ainsi s’instaure au fil des mois une double création : la guitare et les mélodies qu’elle jouera.
Voilà Toninho mené par le bout du nez par ses créatures…
Pour remercier cette guitare qui lui a susurré toutes ces mélodies tandis qu’il la sculptait, Toninho a décidé de les enregistrer. Ainsi est né cet album. Huit titres parmi la quinzaine qu’il a composée, en partie pendant la fabrication de la guitare, le reste sur sa lancée, depuis la fin des travaux de lutherie…
A 66 ans je fais mes débuts de musicien solo…
L’album est un dialogue amoureux entre guitariste et guitare. La délicatesse du toucher, la douceur avec laquelle vibrent les cordes, résonne le bois, se déroule le récit musical dévoilent l’infinie tendresse que porte Toninho à ce « bébé », né de ses mains. L’accent de la guitare est indéniablement brésilien – du son des cordes métalliques façon viola caipira (guitare rurale) aux murmures veloutées de la bossa nova. Une sereine mélancolie, une tranquille nostalgie, une émotion à fleur de peau, caractérisent l’univers musical de Toninho do Carmo. Avec ses mélodies cristallines, ses notes qui s’égrainent comme des gouttes de rosée, sa sonorité limpide comme une eau de source, le répertoire dessine un paysage printanier tout en nuances. Or l’album s’appelle Primavera, c’est-à-dire, printemps. Parce que quand la guitare fut achevée, c’était le printemps. L’album, n’oublions pas, est un hommage à la guitare.
Dominique Dreyfus
Biographie
Toninho do Carmo est né à Honório Bicalho, Minas Gerais, Brésil. Á cinq ans suite à un accident il a dû rester au lit pendant 6 mois et son ami Francisco lui a offert un cavaquinho. Il a commencé à le jouer. Guitariste brésilien, il fait ses débuts en accompagnant Célio Balona dans les bals au Brésil. Il joue avec Maysa, Dorival Caymmi, Emílio Santiago, Elza Soares, Alcione, Lúcio Alves, Cauby Peixoto, mes frères Borges, Tino Gomez, Júnia Horta…
Il arrive ne France en 1984, avec le groupe de Célio Balona, pour jouer au Festival France Brésil aux Arènes de Cimié à Nice il y est resté y vit et travaille.Il a accompagné, Nazaré Pereira, Lualva Braz, Betina, Luiz António de ‘les Etoiles’, avec qui il a enregistré un album, Katia Werneck, Monica Passos, avec qui il a enregistré un album, Ana Guanabara, Marcia Maria… ou encore dans l’instrumental il a joué avec Jean Mark Jaffé, Robert Perci, Frank Sitbon, Mark Berteaud, Raul de Souza, Cacau, Jean-Loup Longnon…Il passe au Festival de Montreux en 1987 et 1994 avec le Groupe Cruzeiro Do Sul.
En 1996 il fait la connaissance de Georges Moustaki et rejoint son groupe avec eux il tourne en Espagne, Allemagne, au Japon, au Portugal, Canada, en Belgique …. où ils se présentent dans des Festivals, Montreux, Nice, Nyon, Canada…. Olympia, Palau da musica, Philharmonie de Berlin, de Munich, d’Hambourg…. Il passe à France 2, Michel Drucker, France musique, Europe1 – hommage à Henri Salvator, RTL, France Inter…
En 2010 il forme son propre group Toninho’s Band.
En 2011 il fait une tournée avec Papa Wemba en Allemagne filmé par TV5 ainsi qu’un passage à France24.
En 2014 il enregistre son premier album solo Primavera en tant que compositeur chez Défis.
Il joue au cabaret parisien Les trois Maillets, depuis 1993. Il est aussi directeur musical et arrangeur des spectacles et des trois disques enregistrés chez Harmonia Mundi de la chanteuse Maria Teresa.
En 1998 Toninho débute une collaboration avec le Théâtre de l’Opprimé, où il fait la direction musicale des pièces de Isabel Ribeiro et Rui Frati :
- Beco da garrafas (1998)
- Dans l’Ombre (2001/7)
- L’état de nos droits (2002)
- Traversée (2003/6)
- Emplacement Réservé (2005)
- Parfums de Plaisir et Mort (2008/9)
- La Terre (2010)
- Nelson de Rio (2012)
- Vinicius (2013)
- Remarquables Utopies (2014)
présentées à Paris, São Paulo, Porto Alegre, Téhéran, Milan, Pisa, Genova, Modena, Alba Julia…
Il est aussi, co-responsable de la programmation du Festival Migractions.
Discographie
- 1987 – Cruzeiro Do Sul (Genève) – Passaro Noturno avec Erik Truffaz (trompete) – (DDD Milano)Guitare acoustique, Electrique, Harmonica
- 1989 – Mônica passos – Quais guaranis, Guitare
- 1997 – Luiz Antonio – «Canção et canções» avec Marc Berthomieux (accordeoniste) – Musica Guild, Arrangements, Production, Guitare
- 1998 – Alaide Costa – Falando de Amor Auvidis, Guitare
- 2000 – Peregrino- Antenor Bogéa, Guitar
- 2000 – Georges Moustaki Olympia 2000 (POLYDOR) , Guitare
- 2000 – Georges Moustaki – Presqu’en Solo – Live A La Philharmonie De Berlin 2003Troubadour Records, Guitare
- 2000 – Maria Teresa – O Porto das Palavras – M10, Arrangements, guitare
- 2003 – Maria Teresa – O Mar – Harmonia Mundi Adaptation, Arrangements, Cavaquinho, Chœurs, Producteur exécutif, Gambus, Guitare
- 2005 – Maria Teresa – Lusofonia Harmonia MundiAdaptation, Arrangements, Cavaquinho, Chœurs, Producteur Exécutif, Gambus, Guitare,
- 2006 – Touré Kunda – Touré Kunda – Santhiaba 2008 Wagram Music, guitare
- 2007 – Vincent Delerm Avec Georges Moustaki- Les Eaux De Mars «La Cigale», Paris, Guitare
- 2008 – Georges Moustaki – Solitaire (EMI MUSIC France) , Arrangements, Cavaquinho, Guitare, Viola Caipira
- 2009 – Maria Teresa – Era uma vez um jardim Harmonia MundiAdaptation, Arrangements, Guitare, Guitare (10 cordes), Guitare (cordes Nylon), Production Exécutive, Viola Caipira
- 2014 – Maria Teresa – Woman – Défis , Arrangements, Guitare
- 2014 – Toninho do Carmo – Primavera – Défis